Les fat bikes et pseudo fat bikes ont suscité beaucoup d’attention ces derniers temps, aussi bien en France que dans d’autres villes européennes. Ces vélos électriques à gros pneus attirent aussi bien les particuliers, que les livreurs de repas ou de colis. Pourtant, leur présence en milieu urbain est de plus en plus critiquée.
Qu’est-ce qu’un fat bike, et pourquoi parle-t-on de « pseudo » ?
Les fat bikes sont, à l’origine, des vélos tout terrain conçus pour rouler sur des terrains spécifiques comme la neige ou le sable. Ils ont été inventés en Alaska au début des années 2000 pour répondre à un besoin très particulier : circuler dans un environnement enneigé pendant une grande partie de l’année. Le véritable fat bike est un VTT sans assistance électrique, équipé de pneus extrêmement larges pour assurer une meilleure adhérence. Ces vélos sont majoritairement utilisés dans un contexte sportif ou pour se déplacer dans des zones difficiles.
Le problème des « pseudo » fat bikes est que ces vélos électriques ne respectent pas vraiment les caractéristiques des originaux. Leur conception est moins aboutie, et leur usage en ville pose de nombreux soucis, tant sur le plan pratique que sécuritaire.
Une conception inadaptée à l’environnement urbain
Les pseudo fat bikes ne sont pas prévus pour la ville. Leur conception lourde et encombrante est idéale sur des sols meubles, mais en milieu urbain, c’est une toute autre histoire. Les pneus surdimensionnés, censés être utiles sur la neige ou le sable, deviennent un handicap sur le bitume. Leur large surface de contact avec la route entraîne une résistance au roulement importante, ce qui rend la conduite inefficace et très bruyante. En résultat, il faut fournir davantage d’efforts pour avancer, même avec une assistance électrique.
De plus, le poids élevé de ces vélos est un véritable frein à leur usage pratique. La plupart des pseudo fat bikes pèsent plus de 30 kg, soit environ 12 kg de plus qu’un vélo à assistance électrique classique. Ce surpoids rend la manipulation difficile, que ce soit pour le stationnement ou le stockage. Et une fois lancé, ce vélo devient potentiellement dangereux, non seulement pour son utilisateur mais aussi pour les autres usagers de la route, notamment les piétons.
Les limites de l’assistance électrique et les risques de débridage
Un autre problème récurrent avec ces pseudo fat bikes électriques est la façon dont l’assistance est souvent détournée. En principe, l’assistance électrique doit être activée par le pédalage. Pourtant, nombre de ces vélos sont équipés d’une « gâchette » qui permet de déclencher le moteur sans avoir besoin de pédaler, transformant ainsi le vélo en véritable cyclomoteur. Ce type de modification est souvent illégal et entraîne des problèmes de cohabitation sur les infrastructures cyclables.
Il est également très facile de trouver des tutoriels en ligne expliquant comment débrider ces vélos, ce qui permet d’atteindre des vitesses élevées, proches de celles d’un scooter. Cette pratique est particulièrement dangereuse en ville, car elle crée un différentiel de vitesse trop important entre ces pseudo fat bikes et les autres usagers de la route, notamment les cyclistes et les piétons.
Question de cohabitation et de législation
Les pseudo fat bikes, souvent achetés sur des sites asiatiques peu scrupuleux quant aux normes européennes, arrivent parfois directement débridés. Cela pose un problème de sécurité majeur sur les pistes cyclables, où ces engins motorisés se retrouvent à côté de vélos traditionnels, e-bikes ou trottinettes. La cohabitation devient alors difficile, et les risques d’accidents augmentent, comme en témoignent plusieurs incidents recensés aux Pays-Bas.
En France, le cadre législatif est clair : un vélo à assistance électrique est considéré comme un vélo si la puissance du moteur ne dépasse pas 250 watts et si l’assistance se coupe au-delà de 25 km/h. Mais avec l’usage d’une gâchette ou le débridage, ces pseudo fat bikes franchissent la limite entre le vélo et le cyclomoteur, exigeant ainsi des conditions d’utilisation bien plus strictes.
Manque de responsabilité des fabricants et revendeurs
Les fabricants et revendeurs ont également leur part de responsabilité. Certains magasins continuent de vendre ces engins tout en connaissant les risques de débridage et l’usage illégal qui en sera fait. Cela contribue à un usage inadapté et souvent dangereux de ces vélos en ville. Pour éviter que les infrastructures cyclables ne deviennent des zones de conflit, une prise de conscience au sein de cette chaîne de vente est indispensable.
Quel avenir pour les pseudo fat bikes en ville ?
En fin de compte, le problème principal des pseudo fat bikes en ville n’est pas tant leur conception mais plutôt l’usage qui en est fait, souvent détourné de celui d’un vélo traditionnel. Tout ça provoquera sans doute un renforcement de l’application de la législation et de la sensibilisation des vendeurs comme utilisateurs à leurs responsabilités.